« Si ses racines sont là-bas, ses fruits sont ici », les professionnels de l’adoption utilisent régulièrement cette phrase pour définir la complexité de l’identité d’un enfant adopté.

Cette jolie phrase rappelle que l’adoption est un projet qui s’inscrit dans le temps et que l’enfant adopté ne pourra pas effacer ses origines comme la société archivera son extrait de naissance original.

Mais, il est essentiel que sa nouvelle vie lui offre un équilibre basé sur l’amour et l’admiration de ses parents adoptifs.

Les racines

Chaque enfant aura une réaction différente vis-à-vis de ses origines.

Certains n’auront de cesse d’en savoir plus, alors que d’autres sembleront ne jamais manifester d’intérêt pour leur vie antérieure. Ces réactions peuvent varier pour le même enfant tout au long de sa vie. Elles évoluent souvent au gré de son environnement.

Pour les familles « bien françaises » ayant adopté un enfant d’origine étrangère, la découverte du racisme quotidien qui n’affecte aucun autre membre de la famille sera une véritable souffrance.

Ce besoin de savoir peut aussi être déclenché par un reportage, par une musique ou par un livre qui éveille des souvenirs chez l’enfant. Si les raisons sont multiples, les réponses doivent être simples et claires. Les psychologues préconisent aux adoptants d’être à l’écoute et d’être sereins lorsqu’ils répondent aux questions. Il n’est pas nécessaire qu’ils anticipent ou qu’ils extrapolent. Il n’est pas nécessaire d’entreprendre un voyage lointain ou de ressortir tout le dossier d’adoption si l’enfant n’a pas formulé une telle demande. Ses questions ne sont souvent qu’un besoin de savoir partiel.

Les fruits

Pour l’enfant adopté, son nouvel environnement va nécessairement constituer un bouleversement. Sa nouvelle famille, ses nouveaux amis, ses activités sportives ou culturelles, sa scolarité, son suivi médical, etc. seront les éléments quotidiens qui façonneront sa nouvelle identité.

Mais parmi tous ses facteurs, il en est un qui le perturbera davantage : l’attention et l’amour qu’il a fait naître chez ses nouveaux parents.

Ce sont ces instants partagés avec son père adoptif en regardant un match de foot ou en allant faire un tour en bicyclette, ces instants où il part faire du shopping avec sa mère ou que l’un d’eux dort près de lui les nuits où il est malade et les nuits où il fait un cauchemar qui en fera un enfant comme les autres. Un enfant aimé est capable d’aimer.

Ces bases lui permettront de se construire comme tous les hommes, avec ses blessures et avec ses réussites.

L’adoption est un processus qui se fonde sur le désir. Il demande une période d’apprivoisement et de découverte.

Des associations se sont créées pour que les parents puissent échanger entre eux, mais aussi se faire assister par des professionnels de la santé et des psychologues.

Lorsque l’enfant souhaite éclaircir ses origines, cela ne veut pas dire qu’il est entré dans un processus de reniement ou de condamnation de ses parents adoptifs. Ce n’est souvent que l’expression d’un besoin essentiel qui sert aussi à l’équilibre de son identité. Il est conseillé aux parents adoptifs de favoriser cette recherche et si besoin est, de prendre contact avec l’organisme qui a organisé l’adoption pour identifier le lieu d’origine et l’identité de la famille biologique.