L’idéalisation de l’adoption nous renvoie une image souvent éloignée de la réalité. Celle d’un bébé en bonne santé et vierge de toute histoire. Pourtant, tous les enfants adoptables ont souffert la violence de l’abandon et un parcours plus ou moins chaotique avant d’arriver dans leur famille d’adoption ; certains ont des handicaps.

La gravité de ces maux est telle que même si ces enfants sont juridiquement et psychologiquement adoptables, il est particulièrement difficile de leur trouver une famille correspondant à leurs besoins spécifiques.

Le projet d’adoption d’un enfant « à particularité » révèle deux types d’adoptants : ceux qui ont mûrement réfléchi leur décision et ceux qui la prennent sans avoir évalué l’impact de leur projet.

Les enfants « à particularité »

Le terme d’enfant « à particularité » peut désigner un enfant qui :

  • a plus de 6 ans et qui a déjà une histoire lourde et une forte culture. C’est le cas des enfants qui ne parlent pas français et pour lesquels on peut penser que l’apprentissage de la langue sera long,
  • est mal préparé à l’adoption, soit parce que la perte de ses parents et de sa famille est soudaine (guerre, tremblement de terre…), soit parce que son pays d’origine ne dispose pas de cellule d’accueil, soit parce qu’il a déjà connu plusieurs familles d’accueil et vécu plusieurs ruptures affectives, soit parce qu’il a été maltraité (physiquement ou mentalement)… fait partie d’une fratrie de plus de 3 enfants. C’est le cas si l’adoptant s’engage dans une adoption multiple qui exigera une approche globale et individuelle de chaque enfant selon son âge et son histoire personnelle,
  • est issu d’une fratrie et qui a des sœurs et/ou des frères d’une même famille biologique ou de la même mère. Il est aussi possible qu’il ne les ait pas connus et qu’il les découvre bien plus tard,
  • a vécu une histoire stigmatisante, soit parce qu’il est issu d’une ethnie minoritaire ou discriminée, ou d’une relation sexuelle prohibée (viol, inceste, hors mariage…), ou d’une situation taboue dans le pays d’origine (décès de la mère en couche, pathologie mentale de la mère, jumeaux dans un pays où prévaut une politique nataliste de l’enfant unique…),
  • a vécu une histoire lourde. Il peut s’agir de maltraitance physique, psychologique et/ou de sévices sexuels, de délaissement, d’abandon a un handicap physique, moteur, sensoriel ou intellectuel dont la gravité est variable. Cela va de la paralysie temporaire d’un membre supérieur jusqu’à la quadriplégie, d’une mauvaise vue à la cécité, d’un problème auditif à une surdité totale, d’une débilité légère à une débilité profonde… a une maladie chronique, laquelle se divise entre les maladies transmissibles (tuberculose, syphilis congénitale, séropositivité à l’hépatite B ou C, au VIH…, et celles qui sont non transmissibles qui peuvent être héréditaires, congénitales ou acquise comme l’autisme,
  • a une maladie aiguë ou chirurgicalement curable telle qu’un bec-de-lièvre, un pied bot, une malformation cardiaque…, celle-ci pouvant avoir des conséquences sur la vie quotidienne et scolaire.

Adopter un enfant n’est pas un acte humanitaire. Il répond simplement aux désirs d’un amour parental protecteur et à ceux d’un enfant qui a besoin de cet amour pour laisser s’exprimer le sien, car parfois cet enfant ne sait pas ce qu’est une famille et il raisonne plus en besoin qu’en désir.

Le rapport d’admiration mutuelle qui existe entre un enfant et ses parents est indéniable. Si cette admiration ne se bâtit pas ou qu’elle se bâtit mal, si les parents expriment des difficultés avec la particularité de l’enfant qu’ils ont adopté ou qu’ils expriment une certaine gêne, la relation adoptant-adopté entrera dans une spirale inter relationnelle négative où cette attente d’admiration ne sera pas satisfaite. Les organismes compétents pour l’adoption qui accompagnent les futurs parents durant l’élaboration de leur projet seront à même de les aider.