Le désir d’enfant est un instinct de vie qui guide certaines personnes à se diriger vers l’adoption.
La grande majorité des adoptants partagent une difficulté commune, celle de l’infertilité. Mais, ce problème biologique n’est pas la seule explication de l’adoption puisque l’on constate qu’elle se produit dans certaines familles où des enfants légitimes sont déjà présents (que ces enfants soient adoptés ou naturels).
Quelles sont les motivations communes et particulières des parents qui optent pour l’adoption ? Comment l’histoire d’un adulte et l’histoire d’un enfant qui ne se connaissent pas deviennent-elles l’histoire d’une famille ?
L’histoire d’un adulte
L’adoption implique une détermination qui est mise à l’épreuve par la difficulté et la longueur des processus juridiques. Ce délai de réflexion de 2 à 4 ans est imposé par les démarches administratives et il conduit certains adultes à abandonner leur projet en cours de route. Pour d’autres au contraire, ce délai fait évoluer le désir d’enfant.
Ceux qui ne peuvent pas avoir d’enfant doivent d’abord franchir l’étape du « deuil biologique » en acceptant le renoncement à tout lien de sang entre eux et leur enfant. Car l’enfant adopté ne remplacera jamais le bébé que l’on n’a pas eu naturellement.
L’amour que l’enfant offrira à ses parents n’est pas non plus le remède à un couple qui s’effrite, ni à une personne seule qui recherche une compagnie. L’adoption correspond à une autre manière d’être parent. Cette notion induit qu’un enfant — quel que soit son histoire, sa couleur ou son handicap — est digne d’être aimé et d’aimer. Cette réflexion détruit la notion que l’amour parental et l’instinct maternel se transmettent par le sang.
L’histoire d’un enfant
Tout enfant, quels que soient ses signes distinctifs, a droit à une famille.
Cependant, cette vision idéaliste de notre monde ne peut faire oublier des réalités que l’Association Française de l’Adoption rappelle régulièrement. Cet organisme qui intervient dans l’accompagnement des futurs parents souhaitant adopter un enfant originaire d’un pays étranger a constaté que les familles étaient mal préparées à l’adoption.
En effet, celles-ci ignorent que 42 % des enfants adoptés ont plus de 5 ans et que l’âge médian de la proposition d’apparentement s’établit avec des enfants de plus de 3 ans. L’association signale aussi que 16 % des enfants ont des problèmes de santé.
Ces données soulignent que l’enfant adopté a déjà une histoire. Elle apparaît en permanence dans la couleur de sa peau, dans ses yeux bridés ou dans ses cheveux. Mais elle peut aussi être cachée dans son état de santé et les maladies que l’enfant développe ou qu’il a déjà développées. Enfin, tout comme pour l’adoptant infertile, l’enfant adopté doit lui aussi faire son deuil d’une filiation sanguine, celle de sa famille biologique.
L’histoire d’une famille
La famille est un concept large qui ne peut pas se limiter aux parents, aux frères et aux sœurs. Une famille est composée de grands-parents, d’oncles, de tantes et de cousins avec lesquels les relations vont aussi se tisser. Les anniversaires, les fêtes de fin d’année, les vacances en commun…, toutes ces choses qui possédaient un protocole bien établi vont devoir évoluer sans se déformer.
Le regard de la famille, des amis ou des voisins fournira aux adoptants autant d’indications sur les valeurs profondes de leur cercle relationnel habituel.
La complexité des démarches administratives et juridiques de l’adoption est due à l’adéquation de cette formule mathématique sentimentale, que l’histoire de l’adoptant et l’histoire de l’adopté puissent donner naissance à l’histoire d’une famille unie. Cette symbiose repose sur le respect des intérêts de l’enfant et sur le désir de la famille.
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