Le déni de grossesse est un phénomène méconnu. Nous avons tous entendu parler d’une personne qui a découvert sa grossesse après 6 mois ou encore d’une dame qui a découvert qu’elle était enceinte lorsqu’elle a accouché dans les toilettes. On a beaucoup de difficultés à concevoir cela et on se demande comment ce peut être possible.

Comment une personne peut-elle passer à côté des signes d’une grossesse ? En réalité, un déni de grossesse implique qu’il n’y a pas de signes classiques de grossesse et ni la future maman, ni son entourage ne se rend compte de l’évolution qui se déroule en elle.

Qu’est-ce que le déni de grossesse ?

Par définition, le déni de grossesse arrive lorsqu’une femme est enceinte et n’a pas conscience de l’être.

On parle de déni de grossesse partiel lorsque la grossesse est découverte à partir de 20 semaines de grossesse. Typiquement, la future maman se rend chez le médecin pour des douleurs au ventre, une suspicion de crise d’appendicite, d’infection urinaire, etc. et c’est alors qu’elle découvre sa grossesse.

Le déni de grossesse total est lorsqu’on mène sa grossesse à terme sans s’en douter une seconde. C’est au moment de l’accouchement qu’on apprend l’existence de ce bébé. C’est alors un choc très brutal.

Les symptômes de grossesse ne sont pas présents : pas de nausées, pas de fatigue, pas d’évolution de la poitrine, etc. La femme peut même continuer à avoir ses règles (ou des saignements qui y font penser). Il y a certes souvent une prise de poids mais de 3-4 kg seulement sur toute la grossesse. Le ventre ne se développe pas car le fœtus vient se loger sous les côtes de la future maman, comme s’il souhaitait se cacher. En somme, c’est comme si le corps voulait dissimuler la grossesse à la psyché de la femme enceinte, de peur de sa réaction.
En effet, un déni est un mécanisme de défense du mental, face à quelque chose de trop traumatisant. Le déni de grossesse est encore mal compris car il n’est pas réservé aux adolescentes, il ne touche pas un milieu social en particulier ou même des personnes présentant des déficiences mentales. Il peut toucher n’importe quelle femme, même celles qui ont déjà vécu plusieurs grossesses.

On constate cependant des dénis de grossesse chez des femmes qui pensaient être touchées par un problème de stérilité, qui ne voulaient plus d’enfants, qui ont été victimes d’agressions sexuelles, qui ont eu des liaisons amoureuses. Dans ces cas, on peut se dire que la grossesse n’est pas envisageable donc elle n’a pas lieu. Mais ce n’est malheureusement pas aussi simple et il reste beaucoup de travail à faire à ce niveau.

Quelles en sont les conséquences ?

Le choc psychologique de la découverte de sa grossesse est difficile à concevoir. Il y a la culpabilité de ne pas s’en être aperçue et la remise en question de l’instinct maternel, la culpabilité de repenser à la vie qu’on a pu vivre pendant ces mois de grossesse, avec des comportements inappropriés pour une femme enceinte et la culpabilité d’apprendre qu’un si petit être se fait encore plus petit en notre intérieur.

L’évolution physique peut d’ailleurs être impressionnante lorsqu’une femme apprend sa grossesse à 7 mois. Le ventre d’une femme enceinte peut se développer en un temps record.

La nature fait que nous avons environ 9 mois pour préparer l’arrivée d’un enfant. Ces 9 mois sont une période importante où on se prépare doucement à l’accueillir. Il s’agit d’une préparation psychologique mais aussi matérielle. Lorsqu’on découvre sa grossesse à 6 mois, par exemple, ce temps de préparation est un peu plus intense. Plus le délai est court et plus il y a urgence d’accueillir un enfant, plus la situation est stressante.

Un déni total de grossesse peut mener à de grosses difficultés à accepter et accueillir l’enfant. Les conséquences d’une telle détresse peuvent être l’abandon de l’enfant, ou pire. Il arrive qu’une femme qui apprend sa grossesse en accouchant seule croie que son bébé est mort et s’en « débarrasse » alors qu’il est encore en vie. Elle se met elle-même en danger en évitant de consulter suite à l’accouchement car elle n’arrive pas à l’admettre. Dans la panique qui suit la découverte de cet enfant, certaines femmes sont poussées à l’infanticide.

Il est donc important que le déni de grossesse soit plus largement connu du grand public et qu’une certaine sensibilisation puisse avoir lieu pour éviter ces situations dangereuses pour la mère et pour l’enfant.